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​​Il y a 10 ans, jour pour jour, l’Accord de Paris était signé.

En 2015, notre monde se dirigeait vers un réchauffement de près de 4°C. L’Accord de Paris a permis d’enclencher une dynamique mondiale décisive : 140 pays se sont engagés vers la neutralité carbone, et des transformations profondes ont suivi. En dix ans, les prix des énergies renouvelables se sont effondrés, la voiture électrique, marginale en 2015, représente aujourd’hui près de 20 % des ventes en France contre 1 % à l’époque, et 35 États ont réussi à réduire durablement leurs émissions. Même la Chine, premier émetteur mondial, semble se rapprocher de son pic d’émissions. L’Accord de Paris a démontré qu’agir pour le climat était possible, et a indéniablement enclenché une dynamique.

En ce jour anniversaire, je veux donc tout d’abord remercier clairement tous ces citoyen•nes, activistes, scientifiques, associations, élu•es locaux et nationaux qui, parfois dans l’ombre, parfois contre les vents dominants, se sont battus chaque jour et se battent encore aujourd’hui pour que la lutte contre le dérèglement climatique soit une réalité. Leur engagement, leur constance et leur courage ont permis l’Accord de Paris, et lui ont permis de tenir debout !

Cependant, aujourd’hui, force est de constater que ce cadre ne suffit plus. Cette année encore, les émissions mondiales atteindront un niveau record. À politiques inchangées, nous nous dirigeons vers +2,5°C de réchauffement d’ici la fin du siècle, alors que l’Accord de Paris visait à limiter la hausse à 2°C et à s’approcher le plus possible de 1,5°C. 2024 a déjà marqué le franchissement mondial de ce seuil, et la sortie annoncée des États-Unis de l’Accord de Paris ne fera qu’aggraver la situation.

Et notre pays ne fait pas exception : nous décrochons. Les émissions françaises ne baisseront en 2025 que de 0,8 %, très loin des –5 % par an nécessaires pour respecter nos engagements. Ce décrochage n’est ni une fatalité ni une conjoncture, c’est le résultat des choix politiques des différents gouvernements Macron depuis 2022. Les reculs se sont accumulés sur les énergies renouvelables, la rénovation énergétique, la voiture électrique, l’artificialisation des sols ou encore l’agriculture et les pesticides. Nous sommes décidément bien loin du fameux « Make our planet great again » du Président de la République. Rien qu’au premier semestre 2025, 43 reculs climatiques et écologiques ont encore été recensés par le Réseau Action Climat. Au niveau européen aussi, la France a freiné l’adoption de l’objectif de –90 % d’émissions d’ici 2040, à la veille de la COP de Belém.

Vagues de chaleur plus fréquentes, pluies plus intenses, sécheresses plus longues, recul de l’enneigement : le dérèglement climatique n’est plus une abstraction, il transforme nos vies. Dix ans après l’Accord de Paris, je refuse que cet anniversaire ne soit donc qu’un symbole. Il est d’ailleurs regrettable qu’il soit aujourd’hui largement ignoré dans le débat public, en dehors des médias du service public.

À l’heure où la France s’apprête à publier un nouveau projet de SNBC, un sursaut s’impose. Nous sommes à un moment décisif, dans un contexte international pris en tenaille entre les États-Unis et la Russie. La France, et a fortiori l’Union européenne, est un exemple et surtout une condition de possibilité. Si l’Europe ne le fait pas, personne ne le fera. C’est ce qu’a très justement rappelé ce matin sur France Info, Laurence Tubiana, architecte de l’Accord de Paris. Et elle le dit clairement : chaque hésitation française et européenne est scrutée partout dans le monde.

L’écologie et le climat doivent donc devenir une priorité nationale. L’exécutif doit changer de braquet. Les promesses ne suffisent plus. Il est temps d’agir, vraiment !

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