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Mettre fin à la complaisance énergétique russe : ma résolution pour rompre avec le paradoxe français

Depuis plus de trois ans, l’Ukraine résiste avec courage et dignité à l’agression brutale de la Russie. Chaque jour, le peuple ukrainien défend sa souveraineté, sa liberté, et au-delà, les valeurs démocratiques que nous partageons. La France, comme d’autres nations européennes, affirme son soutien à cette lutte. Mais derrière les discours, une contradiction insupportable demeure. Car pendant que Kyiv, Kharkiv ou Marioupol sont bombardées, notre pays continue d’importer massivement du gaz naturel liquéfié (GNL) russe, et de l’uranium sous contrôle ou influence du Kremlin.

En 2024, la France est devenue le premier importateur européen de GNL russe — une ressource qui, rappelons-le, échappe encore aujourd’hui aux sanctions européennes. Nos terminaux méthaniers, à Dunkerque ou à Montoir-de-Bretagne, accueillent une part croissante de ces cargaisons. Une fois regazéifié, ce GNL est injecté dans notre réseau ou réexporté vers nos partenaires européens. Le paradoxe est total.

Côté nucléaire, la dépendance est tout aussi profonde. Près d’un tiers de l’uranium enrichi importé en France provient encore directement de la Russie. Et nos principaux flux d’uranium naturel, en provenance du Kazakhstan, de l’Ouzbékistan ou de la Mongolie, transitent par des infrastructures logistiques contrôlées par Rosatom, bras armé énergétique du Kremlin. Autrement dit : quand bien même l’uranium ne porte pas l’étiquette « Made in Russia », Moscou garde la main sur l’acheminement, la logistique, le traitement.

C’est cette contradiction que j’ai souhaité mettre en lumière en déposant une proposition de résolution à l’Assemblée nationale. Elle vise à interpeller le Gouvernement sur cette incohérence stratégique, géopolitique et morale. Car il ne peut y avoir de solidarité pleine et entière avec l’Ukraine tant que nous alimentons, de fait, la machine géostratégique et de guerre de Vladimir Poutine.

Mais cette dépendance énergétique n’est pas seulement une tache sur nos engagements vis-à-vis de l’Ukraine et de la paix en Europe. Elle est aussi un risque profond pour notre souveraineté. Ce qui est en jeu, ce n’est pas simplement une ligne budgétaire ou une dépendance technique : c’est notre capacité, en tant que nation, à décider librement de notre avenir énergétique, industriel et politique.

La résolution que je propose appelle donc à mettre fin aux importations de GNL et d’uranium sous influence russe. Mais elle va plus loin. Elle exige de la transparence — aujourd’hui quasi inexistante — sur les flux énergétiques. Elle questionne les responsabilités industrielles, notamment celles de TotalEnergies, toujours engagée dans les projets de Yamal LNG et Arctic LNG 2. Elle appelle enfin à une politique pleinement cohérente entre nos objectifs climatiques, la réalité de nos choix énergétiques, et l’exigence de paix et de clarté diplomatique. En définitive, elle trace une ligne politique claire : celle de la souveraineté, de la lucidité, et du courage.

📄 Lire la proposition de résolution complète sur le site de l’Assemblée nationale

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