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Dénonciation des Accords France/Algérie de 1968 : une faute politique et morale historique

Jeudi 30 octobre dernier, à une voix près, le Rassemblement national a obtenu sa première grande victoire idéologique et parlementaire depuis la fondation de la Ve République, avec l’adoption de sa proposition de résolution visant à dénoncer les Accords franco-algérien de 1968.

Pourquoi est-ce si grave ? Parce que ces accords, conclus après des décennies de colonisation et de guerre, incarnent une part essentielle de la réconciliation entre nos deux peuples. Les remettre en cause, c’est rouvrir les blessures de l’histoire et flatter les vieux démons du racisme et de la revanche coloniale.

Ce texte n’a rien d’anodin : il s’inscrit dans la filiation directe de la pensée du Front national de Jean-Marie Le Pen et de l’OAS, qui n’a jamais accepté ni la fin de la colonisation, ni l’égalité entre les peuples.

Le Nouveau Front Populaire a fait bloc pour s’y opposer. Mais pendant que nous, nous  défendions la mémoire, le droit et la dignité, le groupe EPR de Gabriel Attal brillait par son absence, et le groupe Horizons d’Édouard Philippe, lui, a définitivement franchi le Rubicon, en votant avec l’extrême droite cette résolution abjecte.

Une victoire idéologique du RN, offerte sur un plateau d’argent par ceux qui se prétendent “centristes” et “républicains”. Une faute politique, morale et historique.

Ce vote restera une tache dans l’histoire des quinquennats Macron et de notre République. Une tâche, parce qu’il a définitivement rompu le cordon sanitaire et consacré, en grand, la normalisation du RN au cœur même de nos institutions. Une tâche, parce qu’il ravive les blessures de la colonisation au lieu de les apaiser. Une tâche, enfin, parce qu’il trahit les valeurs républicaines et sociales de la France au profit de celles des héritiers de l’OAS.

Les propos du Premier ministre, Sébastien Lecornu, ajoutent l’insulte à la blessure. Affirmer qu’il “respecte” ce vote, comme s’il s’agissait d’un banal débat parlementaire, c’est nier la gravité morale et politique de ce qui vient de se passer. Il fait preuve d’une légèreté coupable, alors qu’un texte fondé sur la nostalgie coloniale vient d’être adopté dans l’hémicycle de la République. Un chef de gouvernement digne de ce nom ne “respecte” pas un vote qui piétine la mémoire et banalise les thèses du RN : il le condamne clairement, au nom de l’honneur républicain.

Je le dis avec gravité : ce qu’il s’est passé ne sera pas oublié. La République ne se défend pas en fuyant le vote, et encore moins en s’alignant sur les thèses de l’extrême droite. Elle se défend en regardant cette dernière droit dans les yeux, en la nommant, et en la combattant sans relâche. C’est ce que nous continuerons à faire, au nom d’une France digne et lucide de son histoire.

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