L’Assemblée nationale vit au rythme des débats budgétaires, sur le Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) et sur la première partie du Projet de loi de finances (PLF). Deux textes majeurs, qui dessinent les priorités du gouvernement et qui confirment, hélas, une même logique : celle de l’austérité sociale et du renoncement climatique.
S’agissant du PLFSS, celui-ci a été examiné la semaine dernière en commission des Affaires sociales, et est actuellement débattu cette semaine en hémicycle. Face à la crise de l’hôpital public, à la pénurie de médicaments et à l’explosion des déserts médicaux, la seule réponse du gouvernement reste la même : faire des économies. Doublement des franchises médicales, pressions sur les dépenses de santé… Cette logique comptable n’est plus tenable : la santé et la solidarité ne sont pas une variable d’ajustement budgétaire. Et surtout les économies comptables de ce budget coûteront en réalité beaucoup plus chère que l’argent « économisé ».
Avec le groupe Écologiste et Social, nous nous sommes également abstenu•es en commission sur la prétendue « suspension » de la réforme des retraites. Si tous les petites avancées sont bonnes à prendre, il ne s’agit pas en réalité d’une suspension, mais d’un simple décalage du calendrier, loin de la promesse faite par Sébastien Lecornu. Ce décalage revient à entériner le report de l’âge légal à 64 ans. Et si ce financement doit reposer sur une hausse des franchises médicales ou sur des baisses de droits pour les retraités, c’est non. Notre abstention est un signal politique clair : si le gouvernement veut tenir, il doit revoir sa copie.
En parallèle dans l’hémicycle, l’examen de la première partie du PLF (les recettes du budget) a donné lieu, la semaine dernière, à des débats interminables, souvent chaotiques, au point que l’Assemblée n’a pas pu en achever l’étude dans le temps imparti. Cette séquence est savamment orchestrée par le gouvernement pour justifier, à la fin, le recours aux ordonnances et faire passer son budget sans vote. Une nouvelle dérive institutionnelle de la macronie qui fragilise encore un peu plus la confiance démocratique. Pour preuve, des ministres qui font des réponses sans fin, un Premier ministre qui vient, fait interrompre la séance pendant près d’une heure, retardant encore un plus l’examen des amendements.
Et sur le fond, ce budget reste marqué par l’injustice sociale : le symbole le plus marquant étant le rejet de la taxe Zucman, vendredi, dernier par les macronistes et l’extrême-droite. Une fois encore, ils sont main dans la main pour défendre la rente plutôt qu’agir pour la justice fiscale et l’intérêt général. Cette convergence entre libéralisme et nationalisme devient définitivement le fil rouge de cette législature. Et pendant que le gouvernement cède à toutes les exigences du RN, qui ne votera pourtant pas le budget, il nous demande à nous, de le voter « par sens des responsabilités » sans concessions de l’autre côté. Mais de qui se moque-t-on ?! Nous n’avons certainement pas été élue•s pour cautionner un budget injuste et construit avec l’extrême droite.
À tout cela s’ajoute le grand désordre de la méthode : des textes transmis tardivement, des amendements en rafale, des séances qui s’enchaînent jour et nuit, week-ends compris. On demande aux députés de légiférer à la hâte, sans recul, sans évaluation, sans sérénité. Cette précipitation permanente ne permet ni un travail parlementaire sérieux, ni un contrôle démocratique digne de ce nom. Elle contraint les députés à chambouler entièrement leur agenda, à annuler des déplacements, des auditions, des rencontres locales, voire des obligations personnelles ou familiales. Et parfois, ce n’est tout simplement pas possible. Comment prétendre débattre sereinement du budget de la Nation quand tout est fait pour empêcher un travail collectif, informé et rigoureux ? Ce n’est certainement pas ainsi qu’on honore la démocratie parlementaire, soit-disant défendue par Sébastien Lecornu.
Dans la foulée, nous avons également commencé l’examen de la deuxième partie (les dépenses) du budget la semaine dernière. J’ai porté la position du groupe Écologiste et Social sur plusieurs crédits budgétaires essentiels en commission des Affaires économiques : ceux du commerce extérieur, du numérique, du logement, de la transition écologique et de l’énergie.
Autant de champs où le budget 2026 du gouvernement révèle un même cap : le maintien de l’austérité budgétaire, du néolibéralisme débridé, et du renoncement écologique et social.
Logement et urbanisme : quand l’extrême droite applaudit, c’est que le cap est perdu !
Les crédits dédiés au logement confirment la droite ligne du gouvernement d’austérité sociale : chèque énergie et APL gelées, exclusion de certains étrangers du bénéfice des aides, baisse des crédits à la rénovation énergétique.
Révélateur : le Rassemblement national a salué cette trajectoire en commission. Et quand l’extrême droite applaudit une telle politique, c’est bien que la République s’égare ! Ces coupes fragilisent les ménages modestes, creusent les fractures territoriales et retardent toujours plus la nécessaire décarbonation du secteur du logement.
Écologie et transition énergétique : un renoncement total
Face au backlash écologique ambiant, le budget 2026 aurait dû être celui de la riposte et de l’action. Il sera celui de toujours plus de reculs, confirmant le renoncement absolument total de la Macronie en matière d’écologie, toujours plus complaisante avec les climatosceptiques.
Le gouvernement baisse les crédits de MaPrimeRénov’ et pour le leasing social sur les véhicules électriques, maintient un budget stagnant pour l’ADEME malgré des besoins croissants pour les projets de décarbonation dans les territoires, et ajoute de nouveaux obstacles fiscaux et freins aux énergies renouvelables.
Une petite victoire dans cette séquence obscure pour l’écologie : l’adoption de mon amendement créant une ligne budgétaire dédiée au Fonds chaleur, un dispositif clé pour le développement de la chaleur renouvelable dans nos territoires. Une avancée concrète pour plus de transparence et de pilotage parlementaire.
Numérique : une fuite en avant technologique au détriment de l’inclusion territoriale
J’ai également alerté sur les dérives du budget consacré au développement numérique. Zones rurales sous-équipées, crédits pour l’inclusion numérique en recul, soutien sans condition au développement de l’intelligence artificielle sans interroger sur ses conséquences sur l’environnement. Bref, le gouvernement confond progrès et fuite en avant technologique.
Le numérique doit être un outil d’égalité, d’accès au droit et de transition écologique, pas un facteur d’exclusion ni une source supplémentaire d’émissions.
Commerce extérieur : repenser notre modèle
Avec un déficit commercial de 43 milliards d’euros au premier semestre 2025, les résultats du modèle « Choose France » du Président Macron sont sans appel.
J’ai ainsi rappelé la nécessité de sortir d’une logique d’attractivité aveugle pour bâtir une politique commerciale cohérente avec nos objectifs écologiques : relocaliser, soutenir les filières durables et renforcer notre souveraineté industrielle.
