Modernisation de l’aéroport de Nantes-Atlantique : il est temps que l’Etat s’engage vraiment AVEC le territoire pour un aéroport en phase avec les enjeux du XXIème siècle.
L’aéroport de Nantes-Atlantique est un enjeu absolument essentiel pour notre territoire. Pour autant depuis 4 ans, malgré de nombreuses promesses, l’État semble avoir du mal à joindre les actes aux mots. Pire, il fait preuve d’un grand mépris refusant d’entendre la voix des communes, des riverains, ou encore des différents acteurs présent·e·s. Le résultat : l’application d’une stratégie de développement insensée qui abandonne les populations locales au profit d’un développement des compagnies low-cost et qui fait fi de la réalité de notre territoire.
Pour preuve :
- Un couvre-feu non respecté et dont les pénalités seront dérisoires et difficiles à récupérer. Pourtant, cela est possible puisque d’autres aéroports comme celui de Francfort appliquent des sanctions financières similaires. Sa stricte application et une gestion rigoureuse des infractions auprès des compagnies aériennes via l’ACNUSA est donc un impératif.
- Les enjeux de santé et de qualité de l’air font l’objet d’une grande opacité. Les résultats scientifiques sont déjà disponibles mais la DGAC refuse de les communiquer en toute transparence comme cela devrait être le cas en matière de santé publique.
- Un droit de délaissement partiel dont les enveloppes financières fluctuent et des aides à l’insonorisation avec des délais prohibitifs – plus de 4 ans – ne permettant à celles et ceux qui sont les plus concerné·e·s de pouvoir effectuer les travaux nécessaires.
Nouvelles enquêtes publiques sur les trajectoires, plan de prévention des bruits, désignation d’un nouveau concessionnaire et déclaration d’utilité publique du projet d’extension de l’aéroport : les cinq années à venir seront déterminantes pour l’avenir de notre territoire. Les solutions existent. Ensemble, nous les défendrons dès juin prochain.
Mesure 1 – Une gouvernance partagée
L’avenir et la stratégie du territoire ne peuvent pas relever uniquement du ressort de l’État et des compagnies aériennes. Les collectivités territoriales, les associations locales et les citoyen·ne·s sont légitimes et ont une connaissance fine du territoire que les autres acteurs n’ont pas.
Si des instances ont été créées, il faut que leur nature change. Les acteurs locaux doivent avoir voix au chapitre.
- Création d’une plateforme commune entre les différents acteurs (communes, Etat, compagnies aériennes, associations et représentant·e·s des habitant·e·s) reposant sur un certain nombre de prérequis et respectant les besoins du territoire à savoir la protection de l’environnement et de la santé des habitant·e·s.
- Mise en place d’un comité scientifique en capacité d’analyser les études épidémiologiques et les impacts environnementaux ainsi que les retombées économiques locales de l’aéroport.
Mesure 2. Protéger la santé des riverains et faire respecter leurs droits
Pour les riverains de l’aéroport, les nuisances impactent fortement leur santé. Stress, fatigue ou encore pathologies cardiovasculaires, les conséquences de ces nuisances représentent un enjeu de santé publique pour lesquelles nous devons apporter des réponses à la hauteur des enjeux. Pour cela, il faut :
- Étendre le couvre-feu de 22h00 à 06h00 comme recommandé par l’OMS et le faire respecter.
- Rendre publique l’étude sur la qualité de l’air commandée par la DGAC et ses actualisations au fil des avancées.
- Faire appliquer le droit européen en matière de réduction des nuisances aériennes
- Pour un droit de délaissement et aides à l’insonorisation effectifs et simplifiés avec des délais de procédure respectés.
- Intégrer la réalité de la nuisance sonore, et non seulement des modélisations, dans le cadre de l’élaboration des futurs PEB et PPBE.
Mesure 3. Plafonner le nombre de vols à 56000 par an
Les projections de la DGAC de 11,4 millions de passagers à l’horizon 2040, contre 7,2 millions en 2019, se basent sur un modèle daté et en dehors de la réalité. Non seulement cela fait fi de la nécessité de rationaliser le trafic aérien pour respecter les accords climat de Paris, mais cela « oublie » également la situation géographique locale de aéroport.
Nous devons également tout faire pour proposer des alternatives à l’avion. Une véritable complémentarité aérien/rail doit être développée pour donner la priorité aux connexions ferroviaires lorsque le trajet en train est inférieur à 3 heures.
Nous ne pouvons plus prétendre à un développement illimité et déraisonné du transport aérien. Climat et protection sanitaires des habitant·e·s de notre territoire vont de pair. Il est temps que l’État joigne les actes aux mots.
Mesure 4. Non à l’extension de 400 mètres de la piste
Le projet présenté par l’État prévoit un allongement de 400 mètres de la piste d’atterrissage vers le sud. Cette extension est estimée à 150 millions d’euros. Or elle ne se justifie aucunement, ni en termes de bruit, ni en termes de coût. De plus, elle artificialiserait des sols naturels remarquables et condamnerait une partie de la commune de Saint-Aignan-de-Grandlieu.
Mesure 5. Oui à une modernisation maîtrisée de l’aéroport
Le projet actuel repose sur des investissements extrêmement conséquents, chiffrés à plus de 545 millions d’euros. S’il faut évidemment moderniser l’aéroport actuel, il ne s’agit pas d’engager des investissements gargantuesques qui obligeraient le futur concessionnaire à faire drastiquement augmenter le trafic aérien pour compenser ses investissements.
Mesure 6. Préserver et valoriser la biodiversité
Maîtriser les capacités et le développement de l’aéroport avec :
- Un strict respect du Code de l’environnement et du principe Eviter-Réduire-Compenser ainsi que de la législation en matière de biodiversité (notamment la Loi pour la reconquête de la Biodiversité). Dès la conception des futurs aménagements, il faudra que l’État ainsi que le futur concessionnaire puissent démontrer l’absence de perte de biodiversité dans l’espace et dans le temps et de manière cumulée.
- La protection du Lac de Grandlieu, 2ème réserve ornithologique de France
Mesure 7. Pour une plateforme aéroportuaire accessible en transports en commun fiables et abordables
En plus des 7 millions de passagers enregistrés en 2019, la plateforme aéroportuaire regroupe plusieurs milliers d’emplois. Or, le secteur est insuffisamment desservi en transports en commun et en mobilités douces. Seule une planification écologique cohérente du territoire nous permettra de proposer des alternatives crédibles à la voiture individuelle et de désenclaver le secteur :
- En travaillant les mobilités quotidiennes et la desserte des zones économiques grâce aux connexions multimodales ;
- En améliorant la desserte au moyen de transports structurants reliant le cœur de la métropole et l’ensemble du territoire régional à l’aéroport, et en reconfigurant les espaces de stationnement nécessaires à l’aéroport.
Mesure 8. Un développement industriel qui doit s’orienter vers l’avenir
Outre les emplois liés directement au fonctionnement de la plateforme aéroportuaire, une large zone économique regroupe des milliers d’emplois. Il est nécessaire de la densifier et de l’orienter vers des industries de l’avenir comme la santé, la transition écologique et énergétique.