Lettre ouverte à Madame Laurence Garnier,
Secrétaire d’Etat démissionnaire à la consommation
Ancienne 2e vice-présidente de la région Pays de la Loire, chargée de la culture, du sport et de la vie associative
Présidente du groupe de la droite à la ville de Nantes.
Madame Garnier,
Le 23 novembre dernier, nous avons appris avec stupéfaction les coupes budgétaires drastiques prévues par la Présidente de Région des Pays de la Loire, également vice-présidente du parti politique Horizons. Celles-ci seront soumises à l’approbation des conseillers régionaux les 19 et 20 décembre prochain. 100 millions d’euros de coupes unilatérales, assumées et réaffirmées grossièrement cette semaine encore, alors que le budget de l’Etat reste en suspens et ne demande en rien d’aller jusque là.
Le Maire d’Angers, Christophe Béchu, ancien ministre, et ancien secrétaire général de la même formation politique que Madame Morançais a d’ailleurs fait entendre cette semaine sa différence : “je le dis et je l’ai dit en privé : je regrette une forme dont le dialogue n’a pas été la marque de fabrique. Il était difficile de faire moins bien”.
Je ne peux imaginer, au vu de vos récentes fonctions gouvernementales, et celles passées dans l’exécutif de Madame Morançais, que vous n’ayez pas été consultée, ou a minima informée, et que vous n’ayez pas un avis tranché sur les orientations proposées. Vous qui avez inauguré de multiples évènements culturels et sportifs en tant que vice-présidente de la Région des Pays de la Loire, du Festival des 3 continents à la Folle journée en passant par les bibliothèques et toutes sortes de lieux culturels, vous qui avez encensé le mérite des acteurs culturels et de leurs structures, leur créativité et leurs multiples contributions à notre territoire.
Pourtant, vous êtes encore à ce stade restée totalement muette : aucune communication publique, aucune désapprobation, ni sur cette décision brutale prise sans aucun dialogue, ni sur la répercussion de ces annonces dogmatiques. Vous n’avez apporté non plus aucun soutien public à la multitude d’acteurs sportifs et culturels impactés, ni aux acteurs de l’Économie Sociale et Solidaire, aux missions locales ou au Planning familial dont vous aviez pourtant la responsabilité dans vos précédentes fonctions.
Que vous ne vous soyez pas émue des coupes dans un budget, déjà bien en peine, concernant la transition écologique ne me surprend point. Vous avez déjà démontré à plusieurs reprises votre aversion pour toute mesure qui tendrait, de près ou de loin, à protéger notre environnement. Que vous ne vous soyez pas non plus émue de la suppression pure et simple des subventions régionales destinées au Planning Familial, au CIDFF qui accompagne juridiquement les femmes victimes de violence, ou encore au centre LGBT de Nantes, ne me surprend guère non plus tant vos positions en matière de droit des femmes sont rétrogrades (j’en veux pour preuve votre vote au Sénat contre l’inscription de l’IVG dans la Constitution en mars dernier).
Mais que vous ne perceviez pas le glissement dangereux qu’opère la Présidente de la Région dans ses fonctions premières de maintien d’un service public plus que jamais précieux dans cette période troublée : les bras m’en tombent. Ne voyez-vous donc pas le nombre d’emplois menacés et la disparition d’une offre culturelle riche et variée qui fait la fierté et l’attractivité de notre Région ? Consentez-vous sérieusement par votre silence à la dialectique trumpiste dans laquelle s’est enferrée la majorité régionale de droite ?
Je ne peux pas croire que vos mandats nationaux vous aient à ce point coupé des acteurs de terrain qui font la richesse de notre territoire, et que vous n’en mesuriez pas les conséquences dramatiques pour aujourd’hui comme pour demain.
Je ne peux pas croire, Madame Garnier, que vous considériez l’engagement politique comme un simple moyen opportuniste de gravir les échelons, laissant sur le bord de la route celles et ceux qui font la richesse économique et culturelle de notre territoire et qui œuvrent pour une société plus juste.
Madame Garnier, allez-vous prendre la parole pour affirmer fermement votre opposition à ces coupes budgétaires injustes et dangereuses ou avez-vous définitivement renoncé à toute ambition pour notre territoire, et en particulier pour la ville de Nantes ?