La semaine qui s’achève a été placée sous le signe des motions de censure, déposées en masse après l’activation des 49.3 pour l’adoption du budget de l’État ainsi que celui de la sécurité sociale, par le Premier ministre François Bayrou.
J’ai reçu beaucoup d’interpellations sur le sujet, certains m’intimant de ne pas voter les motions de censure au nom de la stabilité dans le pays, d’autres au contraire de voter contre ces budgets qui perpétuent une politique largement désapprouvée par les Français•es. Car dans notre démocratie, extrêmement malmenée depuis la dissolution du 9 juin dernier, force est de constater que l’heure n’est malheureusement ni aux discussions, ni au compromis.
La vérité est que malgré des discussions et propositions que nous avons pu mettre sur la table ; malgré les heures de débats en hémicycle à gagner des amendements pour améliorer le budget ; malgré un discours au sommet de l’État d’ouverture et d’appel au compromis et à la stabilité, dans les faits il n’a rien eu. Les député•es macronistes ont brillé par leur absence des bancs des commissions et de l’hémicycle, visiblement peu enclins à réellement travailler sur des compromis, visiblement peu enclins à voter démocratiquement au sein de notre Parlement. François Bayrou n’a même pas pris la peine de reprendre de réelles discussions sur le budget ou de le soumettre à l’Assemblée nationale, puisqu’il est reparti du texte pourtant censuré de Michel Barnier… Un budget catastrophique pour notre pays. Et le tout sans solliciter notre vote, mais en activant le 49.3.
La seule et unique manière de voter contre ce budget était donc de voter une motion de censure. C’est donc en conscience et fidèle à mes engagements que j’ai décidé de voter POUR la motion de censure.
Maintenant, je comprends tout à fait l’inquiétude et les pressions qu’exerce l’absence de budget sur les Français•es. Mais ce vote fût le fruit de l’inaction du gouvernement, qui refuse de faire de réelles concessions pour prendre en compte les besoins des Français•es et persiste toujours, dans une logique de statu quo, à appliquer à la lettre le même cadre politique et budgétaire depuis 7 ans pourtant rejeté par nos compatriotes en juillet dernier : des coupes brutales dans les services publics, le renoncement aux politiques environnementales et le recul des droits sociaux.
L’heure est grave et appelle à une réaction forte. Les conséquences du changement climatique s’accentuent, le chômage ne cesse de monter, les collectivités locales sont obligées de rogner sur leurs missions essentielles. Mais Monsieur Bayrou refuse de tenir compte de ces crises.
Ainsi, lorsqu’on regarde sa copie budgétaire finale, le résultat est indigent et contient des régressions fortes, notamment sur l’écologie et les services publics. À titre d’exemple, le budget de la rénovation énergétique des logements est amputé de 460M€, celui de la qualité de l’eau et de la biodiversité de 160M€, et le Pass Culture subit une baisse de 20M€. En outre, le barème des bourses étudiantes est gelé, ce qui représente un manque de 120M€ pour les étudiants les plus précaires.
Le budget de l’État et celui de la Sécurité sociale pour 2025 vont être délétères pour tous•tes. Ce sont toujours les plus précaires, celles et ceux qui n’ont pas les moyens de s’adapter, qui paieront la facture.
Et que dire, dans ce contexte, de la dérive totale du Premier ministre dans le domaine de nos valeurs républicaines ?! Prononcer et réitérer des propos communs aux racistes et aux populistes d’extrême-droite, comme avec l’emploi du mot “submersion” en parlant d’immigration, remettre en cause le droit du sol, proposer un débat sur l’identité nationale et ce que cela veut dire d’être français. François Bayrou et son gouvernement assume de reprendre à leur compte des propos de plus en plus éloignés de nos valeurs républicaines qui témoignent d’une dérive totale vers les idées nauséabondes de l’extrême-droite.
Aussi pour moi, comme pour mon groupe parlementaire Écologiste et Social, nous n’avions donc pas d’autre choix que de voter la censure.