Hier, après dix jours d’une séquence politique totalement consternante, Sébastien Lecornu s’est présenté devant l’Assemblée nationale pour prononcer sa déclaration de politique générale. Une séquence inédite qui a débuté après la chute de son précédent gouvernement, dont la durée de vie n’aura été que de quatorze heures.
Une séquence de dix jours qui ont suffi à révéler au grand jour l’ampleur de la crise politique que traverse le pouvoir et dont le pays subit les conséquences. Dix jours qui ont montré un régime macroniste à bout de souffle, sans majorité, sans légitimité et sans cap, si ce n’est la fuite en avant dans une politique de l’offre qui nous mène dans le mur. Dix jours qui ont aussi mis en lumière la faillite politique du parti Les Républicains. Un parti totalement à rebours des enjeux du moment, qui préfère se perdre dans des calculs de couloir pour quelques maroquins ministériels et céder aux sirènes de l’extrême droite. Ce parti, héritier du général de Gaulle et de Jacques Chirac, n’a plus rien d’un parti de gouvernement, et encore moins d’un parti républicain.
En résumé, dix jours d’entêtement et d’hésitations de la part de celui qui est censé garantir la stabilité et la continuité de l’État ; dix jours de délitement du macronisme, entre petits jeux personnels et de sauve qui peu entre les différents partis politiques qui normalement devrait soutenir le Président.
Ce nouveau gouvernement de Sébastien Lecornu s’appuie donc sur une base parlementaire à l’Assemblée nationale bien mince et n’offre aucune perspective de stabilité durable que la situation économique, sociale et écologique de notre pays exige pourtant. Ajoutons à cela les appels à voter la censure de Madame Morançais, Présidente de notre Région, et membre éminente du parti Horizons d’Édouard Philippe ou encore, de François-Xavier Bellamy, chef de file du parti Les Républicains au niveau européen. C’est à ne plus comprendre sur quel socle ce gouvernement s’appuie.
Certes, l’annonce du Premier ministre, ce mardi, de suspendre la réforme des retraites est apparue comme une rupture avec l’obstination présidentielle et l’acharnement austéritaire. Mais ne nous y trompons pas : cette suspension n’est pas le fruit d’un sursaut politique et démocratique du régime Macron. Elle marque encore davantage sa défaite politique. Comme l’a très justement formulé Cyrielle Chatelain, notre Présidente du groupe Écologiste et Social, dans son intervention à la suite du discours du Premier ministre : « La réforme des retraites est une faute originelle, elle devient aujourd’hui, j’avoue avec étonnement, l’assurance vie des macronistes. » C’est tout dire : ce gouvernement suspend ce qu’il prétendait incarner pour tenter de sauver ce qui peut encore l’être.
Cette suspension, c’est avant tout une victoire. La victoire de la force du travail, des syndicats, des associations et des millions de personnes mobilisées depuis des mois contre cette réforme injuste et illégitime. Ce qui a été obtenu l’a été grâce à la mobilisation dans la rue et à la détermination du mouvement social. C’est une première étape remportée sur le chemin qui doit nous mener, demain, à l’abrogation complète de cette réforme. Cependant, aussi significative soit-elle pour de nombreuses et nombreux Français, cette suspension ne change rien à la nature du gouvernement en place.
Alors oui, jeudi matin, avec le groupe Écologiste et Social, je voterai la censure. Je le ferai avec la conviction que ce gouvernement n’a ni légitimité démocratique, ni assise solide à l’Assemblée nationale, ni projet crédible pour faire face aux crises économique, sociale et écologique que traverse notre pays.
Je voterai la censure parce que tout, depuis le début de cette séquence désolante, montre l’obstination d’Emmanuel Macron à refuser de reconnaître son échec après la dissolution et à partager le pouvoir avec la gauche et les écologistes. Cette obstination abîme notre démocratie, chaque jour un peu plus. Si même le Président de la République n’écoute pas le vote des Français•es, quel sens donner encore au vote démocratique ?!
Je voterai la censure parce que Sébastien Lecornu n’incarne rien d’autre que le paroxysme d’un système présidentiel verrouillé, et que la majorité des Français·es ne soutient plus. Le pays réclame un changement de cap, mais le pouvoir s’obstine à rejouer les mêmes partitions.
Je voterai la censure parce que nous connaissons le budget que ce gouvernement veut faire adopter : un budget d’austérité qui frappe la force de travail populaire tout en épargnant les plus fortunés. Refus de la taxe Zucman, remplacée par une taxe sur le patrimoine des holdings qui ne s’appliquera quasiment à rien ; un Fonds vert, dédié à l’investissement des collectivités dans la transition écologique, amputé de moitié par rapport à 2025 et divisé par quatre en deux ans ; une année blanche pour les retraites et les prestations sociales ; 600 millions d’euros en moins sur les aides au logement ; le doublement des franchises médicales… Voilà la réalité de ce pouvoir : austérité, recul écologique, injustice fiscale, destruction des services publics et des acquis sociaux, pour ménager quelques grandes multinationales et grandes fortunes.
Je voterai la censure parce que les priorités affichées par Sébastien Lecornu ; la maîtrise des comptes publics, la croissance et l’emploi, sont précisément ce que ce pouvoir a contribué à détruire depuis huit ans. La croissance s’essouffle, l’emploi industriel s’effondre et les comptes publics dérapent totalement depuis l’installation d’Emmanuel Macron à l’Élysée et le passage de Bruno Le Maire à Bercy. Comment accorder encore la moindre confiance à celles et ceux qui ont organisé l’échec et la crise ?
Je voterai enfin la censure parce que dans ce discours, pas un mot ou presque sur la transition écologique et énergétique. Alors que les années passent, que les alertes se multiplient, que les sécheresses s’aggravent, que notre pays accumule les retards et les renoncements, le gouvernement persiste à détourner le regard. Pire, le Premier ministre a repris à son compte le moratoire sur les énergies renouvelables prôné par l’extrême-droite, avant de revenir dessus. Rien n’a été annoncé. Rien n’a été assumé.. Et surtout, rien n’a été fait, si ce n’est le pire des reculs !
C’est pour toutes ces raisons, et parce que l’avenir exige un véritable changement de cap, que je voterai la censure. Pas par réflexe d’opposition, mais par exigence du mandat que m’ont confié mes concitoyen•nes de Loire-Atlantique. Parce que nous ne pouvons plus cautionner un pouvoir qui gouverne contre vos aspirations, contre nos territoires, contre notre tissu économique local, contre la justice sociale et contre la planète. La France demande, et mérite, mieux.