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Proposition de loi pour protéger l’eau potable : ne laissons pas l’eau devenir un poison lent !

L’eau est l’élément vital par excellence, indispensable à notre santé. Pourtant, aujourd’hui, nous ne pouvons plus garantir à chaque citoyen français une eau potable exempte de substances nocives. En 2015, 96 % des Français avaient accès à une eau respectant les normes de qualité pour les pesticides. En 2023, ce chiffre a chuté à 74 %. Plus d’un quart de nos concitoyens reçoivent ainsi une eau qui contient des substances toxiques. Chaque année, plus de 100 captages sont fermés à cause de la pollution. Entre 1980 et 2024, 14 288 captages d’eau potable ont dû être abandonnés, dont plus d’un tiers en raison de la contamination par les pesticides, les nitrates, des perturbateurs endocriniens ou encore des PFAS… Des polluants invisibles, mais bien réels, qui se retrouvent de plus en plus dans nos verres, s’accumulent dans nos organismes et sont associés à des cancers, à des troubles hormonaux et à des maladies cardiovasculaires.

Ces révélations ne sont pas des anecdotes, mais les preuves accablantes d’une crise sanitaire et environnementale majeure. Face à ce désastre silencieux, avec le groupe Écologiste et Social, nous avons porté une ambition claire dans le cadre de notre niche parlementaire : protéger durablement l’eau potable, ce bien commun essentiel ! Notre proposition de loi, portée par notre collègue Jean-Claude Raux, visait à mettre en place des mesures fortes et urgentes.

D’abord, l’interdiction des pesticides dans les aires d’alimentation des captages sensibles : plus question de laisser l’eau que nous buvons être contaminée par des substances qui persistent des décennies dans nos nappes souterraines.

Puis, un contrôle renforcé des métabolites de pesticides  : aujourd’hui, 71 % de ces molécules ne sont tout simplement pas surveillées. Nous voulons mettre fin à ce scandale et garantir un suivi sanitaire rigoureux de la qualité de l’eau. 

Enfin, la responsabilisation de l’industrie agrochimique. J’ai d’ailleurs porté et fait adopter en commission un amendement visant à augmenter la taxe sur les produits phytopharmaceutiques afin que l’industrie agrochimique assume enfin ses responsabilités. Cet amendement est une avancée majeure : il marque la fin de l’impunité pour ceux qui polluent et reporte la charge financière là où elle doit être, sur les véritables responsables.  Ce n’est pas aux consommateurs de payer la facture des pollutions qu’ils subissent, pendant que les fabricants de pesticides engrangent des profits colossaux. 

L’examen en commission de la proposition de loi, le 11 février dernier, a montré qu’un chemin était possible. Nous avons vu des parlementaires de sensibilités différentes s’accorder sur des constats fondamentaux : la pollution de l’eau est une bombe à retardement pour la santé publique et nous devons impérativement mieux protéger nos captages. Certes, des discussions ont eu lieu sur les modalités et le calendrier, mais le besoin d’agir ne fait plus débat !

Enfin… presque. Car pendant que la grande majorité des groupes politiques tentaient d’apporter des propositions constructives pour la santé publique, une formation – encore elle – s’est illustrée par son absurdité et son obscurantisme : le Rassemblement National. Leur intervention restera comme un sommet de l’irresponsabilité. Selon eux, l’eau serait polluée… par les éoliennes ! Pendant que nous parlions de pesticides éternels et de perturbateurs endocriniens dans l’eau potable, le RN s’est lancé dans un délire totalement hors-sol, affirmant que l’installation d’éoliennes menacerait la qualité de l’eau. Aucune preuve, aucun argument scientifique, juste un énième mensonge destiné à semer la confusion, à détourner l’attention des vrais pollueurs, et à assouvir leur relent climatosceptique. Soyons clairs : cette intox n’a aucun fondement. L’Académie des Sciences, l’ADEME et toutes les études sérieuses l’affirment : les éoliennes n’ont strictement aucun impact sur la pollution de l’eau. À l’inverse, ce sont bien les polluants issus de l’agriculture des nitrates et des pesticides qui contaminent nos ressources et rendent l’eau impropre à la consommation. Mais au fond, fallait-il s’attendre à autre chose du RN ? Ce parti, dogmatiquement opposé aux énergies renouvelables, est incapable de penser l’avenir autrement qu’en regardant dans le rétroviseur. Son opposition absurde à l’éolien n’est que la face visible d’un climatoscepticisme rampant, d’un mépris total pour la transition énergétique et d’une volonté de freiner toute politique écologique ambitieuse. Le RN n’a pas seulement raconté n’importe quoi sur l’eau. Il a encore prouvé qu’il était l’allié objectif des pollueurs et des industries fossiles, un parti du déni, du refus d’agir et du sabotage sanitaire et climatique.

Malgré ces délires complotistes de l’extrême-droite, la proposition de loi a bien heureusement été adoptée en commission. Preuve qu’une volonté collective existe pour avancer sur cet enjeu majeur de santé publique ! Toutefois, le délai réservé aux niches parlementaires étant extrêmement limité, nous n’avons pas pu débattre et adopter définitivement cette proposition de lien hémicycle, faute de temps. Mais nous avons pris date ! Et avec Jean-Claude Raux, nous allons poursuivre le travail engagé. Alerter, sensibiliser sur la nécessité d’une protection effective et durable de notre ressource en eau, pour faire en sorte qu’une proposition de loi puisse être rapidement inscrite à l’Assemblée nationale, et adoptée.

Dès le 5 mars, nous porterons d’ailleurs, avec le groupe Écologiste et Social, un débat en hémicycle sur l’échec de la protection de l’eau potable, en présence d’Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition écologique.

La pollution de l’eau potable ne s’arrête pas aujourd’hui, nous ne laisserons pas le courant de l’inaction l’emporter. C’est une question de prévention, une question de précaution. Une question de santé publique pour ne pas laisser l’eau devenir un poison lent !

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