Après la censure du Gouvernement de Michel Barnier et un feuilleton totalement vaudevillesque de plus de 10 jours pour le remplacer, Emmanuel Macron a choisi de nommer comme nouveau Premier ministre François Bayrou.
Je ne reviendrai pas ici sur le bras de fer qui s’est joué entre Emmanuel Macron et François Bayrou vendredi dernier, devant les yeux éberlués des Français•es, tant cette situation ridiculise encore un peu plus la classe politique, nos institutions françaises et la fonction de président de la République.
Ce qui est le plus incompréhensible et choquant, c’est surtout que le Président Macron – en dépit du rejet de Michel Barnier qui aurait dû entraîner un changement – a décidé de s’enfoncer encore plus dans le déni politique, démocratique et institutionnel en choisissant Monsieur Bayrou.
Malgré le désaveu envoyé par deux fois dans les urnes – aux européennes et aux législatives – et par la censure, le Président Macron choisit donc de nommer un de ses fidèles soutiens pour continuer à mener la même politique… Il ne pouvait pas s’y prendre mieux pour envoyer le signal aux Français•es que les élections ne servent à rien…
Ce choix du Président Macron de s’affranchir du résultat des élections législatives est mortel tant il amplifie la crise de confiance de nos concitoyens envers la démocratie. Il est mortel, aussi, tant il amplifie la crise institutionnelle et politique du pays. Car oui, Monsieur Bayrou est tout autant illégitime que son prédécesseur et il n’a pas l’assise démocratique et parlementaire pour gouverner. Les mêmes causes produiront les mêmes effets, et cela risque de finir de la même manière par la censure.
Compte tenu des résultats des élections législatives et de l’état social, économique, écologique et industriel du pays, nous le redisons : seul le Nouveau Front Populaire est légitime et capable de gouverner ! Le Président continue de l’ignorer. C’est grave et irresponsable.
Maintenant, la responsabilité revient au nouveau chef du Gouvernement, responsable devant la représentation nationale. Compte-il s’entêter à préserver le bilan d’Emmanuel Macron et suivre le même chemin mortifère vers l’extrême-droite qu’a emprunté Monsieur Barnier, en tournant le dos au Front Républicain ?! Lui seul peut y répondre : quelle est la direction politique qu’il envisage de prendre ?! C’est cela la vraie question à laquelle il doit répondre, au-delà de la composition de son Gouvernement.
Pour nous, au groupe Écologiste et Social, c’est très clair : c’est à l’Assemblée nationale que doit se forger la future feuille de route pour la France. Chaque groupe devra alors présenter ses priorités. Ce que nous avons fait. Nous avons formulé 11 propositions pour une nouvelle feuille de route gouvernementale fondée sur nos priorités essentielles parmi lesquelles la fin du recours au 49.3, l’abrogation de la réforme des retraites, la mise à contribution des grandes fortunes, l’adoption du loi énergie-climat.
Le nouveau Premier ministre doit tenir compte de ces propositions, des débats parlementaires et des rapports de force. C’est la condition sine qua non de la survie de son futur Gouvernement.
À ce stade, les premières indications qu’il donne ne sont pas les bonnes : alors que les crises sociale, économique, industrielle, écologique s’amplifient, et qu’une catastrophe humanitaire et sanitaire s’abat sur Mayotte, le nouveau Premier ministre n’a rien trouvé de mieux que de prendre un avion de l’État pour se rendre au conseil municipal de Pau et fustiger la règle du non-cumul des mandats. C’est une faute majeure et choquante, surtout pour les Mahorais•es, à qui je veux exprimer ici toute ma solidarité et mon soutien. Et plutôt que de reconnaître cette faute, le Premier ministre a justifié son escapade à Pau devant les député•es avec une explication incroyable et lunaire, selon laquelle il n’est pas d’usage que le président de la République et le Premier ministre quittent en même temps “le territoire national”, sous entendant ainsi que Mayotte n’est pas sur le territoire national. C’est une honte absolue, indigne d’un chef de Gouvernement français. À peine nommé, Monsieur Bayrou pave déjà sa propre censure… Il va clairement devoir se reprendre d’ici sa déclaration de politique générale le 14 janvier prochain.