Avec François Thiollet, nous étions à Bure pour visiter le projet de centre de stockage des déchets radioactifs les plus dangereux Cigéo. De nombreuses questions demeurent sans réponse, révélant ainsi notre incapacité à gérer le nucléaire et ses déchets.
Cigéo vise à enfouir les déchets dans une couche d’argile à 500m sous terre. Outre l’insécurité géologique, le risque d’explosion et de dispersion de la radioactivité, en raison de la présence d’hydrogène et de matières inflammables, n’est pas exclu, de l’aveu même de l’Andra !
Et la gestion d’une telle situation accidentelle n’est clairement pas résolue ! D’autant plus que les galeries de stockage seront fermées de manière définitive après 100 ans d’exploitation. En bref, nous allons laisser une poubelle radioactive sous les pieds de nos générations futures.
Mais à court et moyen terme, ce qui interroge c’est la gestion logistique du site en exploitation. En effet, les déchets les plus radioactifs ne pourront être ni transportés ni stockés avant des dizaines et dizaines d’années, le temps de leur refroidissement.
Et en attendant comment les stocker ? Ces déchets s’accumulent déjà dans les piscines de la Hague, qui sont aux bords de la saturation. Et puis, s’agissant du transport de ces déchets extrêmement chauds et dangereux, de la Hague jusqu’à Cigéo, cela reste encore très hypothétique.
Ce projet est également financièrement insupportable, tant les coûts ne sont pas maîtrisés et imprévisibles. Si les chiffres divergent, l’Andra évalue a minima une bagatelle de 350 000€ par m3 de déchets enfouis. Une donnée bien discrète dans l’évaluation des coûts complets du nucléaire.
En bref, le projet Cigéo doit être stoppé, tant il comporte de nombreuses failles ! S’il n’existe pas encore de bonne solution pour gérer les déchets, la moins mauvaise reste le stockage en surface, pour laquelle nous avons plus de moyens de contrôle et de surveillance.
C’est ce que demandent de nombreux habitants, agriculteurs, associations et élus du territoire, que nous avons rencontré. Mais comme toujours avec le nucléaire c’est : « circulez il n’y a rien à voir ! » Et si vous contestez, on vous décrédibilise, réprime, voir criminalise. Les témoignages recueillis hier étaient accablants : surveillance constante, harcèlement judiciaire. Cette situation est révélatrice des tabous qui résident autour de l’énergie nucléaire et ses déchets.
En effet, l’État met ce sujet sous le tapis depuis trop longtemps. Il y a pourtant urgence à débattre pour trouver une solution réellement viable et sécurisée pour traiter et stocker les 1,76 M de m3 de déchets déjà présents en France. Mais non, la priorité c’est de faire sortir de terre des EPR.
La relance imposée du nucléaire, et de fait des volumes de déchets radioactifs extrêmement dangereux sans que leur traitement ne soit résolu, est donc absolument irresponsable tant les implications sanitaires et environnementales sont lourdes pour notre génération et les générations futures.