Soumission chimique, agression sexuelle, condamnation des élus… L’affaire Joël Guerriau pose plusieurs questions. Nous devons nous interroger sur le traitement de ce type d’agissements extrêmement graves et exiger des mesures à la hauteur des enjeux.
- La soumission chimique : un fléau à éradiquer
Le récit de l’agression de Sandrine Josso à propos de la tentative de soumission chimique de Joël Guerriau est glaçant. Je salue sa force et sa clairvoyance pour être parvenue à s’extirper de cette situation dangereuse. Je salue également son courage de prendre la parole depuis l’agression.
Des histoires comme celle de Sandrine Josso et Joël Guerriau il y en a des milliers d’autres. Des milliers de femmes et d’hommes, dans des contextes variés, victimes de soumission chimique. Pour une députée entendue, combien de victimes n’ont pas été entendues ? Combien ont réellement pu porter plainte et ont vu leur agresseur sanctionné ?
La soumission chimique est particulièrement difficile à déceler : 727 signalements suspects ont été comptabilisés en 2021, dont 86,4% suite à un dépôt de plainte. 82 victimes de soumissions chimiques, hommes et femmes, ont été recensées avec tout de même une prédominance féminine (69,5 % des cas), âgées de 1 an à 64 ans.
Il y a 2 ans, plusieurs cas de piqûres non-consentis avaient été repérés à Nantes et dans d’autres villes de France. Si l’injection de substances toxiques n’a pas été prouvée, ces faits ont remis sur le devant de la scène la question des drogues et de la soumission chimique, notamment via le GHB. Il faut déployer plus de moyens et travailler avec les associations qui connaissent le sujet pour poursuivre la prévention et la lutte contre ces actes sordides. Je soutiens évidemment la proposition de ma collègue Sandrine Josso en ce sens pour “enjoindre le gouvernement à faire quelque chose.”
- Qu’attend le gouvernement pour agir massivement contre les violences sexistes et sexuelles ?
Une fois que nous avons dit cela, comment ne pas penser à une tentative d’agression sexuelle ? Car les chiffres sont là et mettent en lumière un système où les hommes se sentent autorisés à exercer des violences :
- dans les cas de viols et de tentatives de viols, 91% des agresseurs sont des proches de la victime
- en France on comptabilise un viol ou une tentative de viol toutes les 7 minutes
- 99,4% des viols restent impunis
- c’est aux femmes victimes qu’il revient de prouver l’agression sexuelle ou le viol.
La lutte contre les violences sexistes et sexuelles sera encore longue : il faut continuer d’alerter, de prévenir, de dénoncer tous les actes violents, de protéger et de défendre toutes celles qui en ont besoin, mais il faut aussi reconnaître les souffrances et les discriminations que nous subissons. Merci à toutes les organisations féministes qui font tout ce qu’elles peuvent pour faire reculer les chiffres des violences faites aux femmes pendant que nous attendons toujours des mesures à la hauteur des enjeux de la part d’un gouvernement qui avait pourtant placé les droits des femmes comme “grande cause du quinquennat”…
Pour continuer à revendiquer ces droits qui nous sont trop souvent refusés, ce samedi 25 novembre, j’ai marché à l’initiative de l’association Nous Toutes et aux côtés des organisations féministes contre les violences sexistes et sexuelles.
- Des actes graves qui devront être sanctionnés sans ambiguïté
Cette affaire soulève enfin la question du traitement de ces affaires sordides lorsque des personnalités politiques élues sont impliquées. Les parlementaires bénéficient d’une immunité qui leur permet de ne pas être condamné•es pendant leur mandat. Si l’on peut d’ores et déjà interroger ce privilège, il semble évident qu’à minima, une mise en retrait des obligations sénatoriales de Joël Guerriau doit être exigée/obtenue. Au vu de la gravité des actes qui lui sont reprochés, il est absolument inacceptable qu’il ne se soit pas déjà mis en retrait lui-même. Cette réaction (ainsi que sa défense) manque cruellement de décence. Et quid de Damien Abad, Eric Dupont-Morreti et tous les autres accusés d’agression sexuelle, de viol ou de harcèlement ? Tant d’exemples qui démontrent qu’il nous reste de sérieux progrès à faire pour que la parole des femmes victimes de violences sexistes et sexuelles trouve une place dans notre société. Et une fois encore, la parole des femmes n’est pas reçue à sa juste valeur.
Espérons que les sanctions seront à la hauteur de la gravité des actes lorsque la justice aura terminé son travail.