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Avec Joël Labbé, sénateur écologiste du Morbihan : “Au risque d’être soi”

Un texto reçu de bon matin “ Julie, c’est un peu tard pour te le dire, et on est dimanche, mais au cas où … dans le cadre d’une carte blanche au théâtre Francine Vasse à Nantes, je participe à un échange débat avec le public sur l’action et l’expression politique, suite au film “Au risque d’être soi”. Le message est signé de Joël Labbé, sénateur écologiste du Morbihan.

Joël, ce sénateur rockeur atypique à l’origine de la loi qui porte son nom, et qui a inscrit dans notre corpus administratif l’interdiction de l’usage des pesticides dans les espaces verts des collectivités. 

Un petit pas ? Une idée un peu folle qui est devenue réalité ? Tout cela en même temps. 

Une avancée redoutable, sous le viseur des lobbies

Alors que cette avancée législative a pu paraître mineure, ne s’attaquant pas au secteur le plus consommateur en pesticides qu’est l’agriculture, elle s’avère brillante. C’est ce que j’ai appris à l’occasion d’une session de formation interne, lors d’une table ronde avec Joël Labbé lui-même. Car en ne  s’attaquant pas directement à l’agriculture, elle est passée sous le viseur des lobbies pétro-chimiques tout en ayant un effet considérable pour faire avancer les choses, de manière résolue et concrète.

Grâce à sa loi, les collectivités et l’Etat ne peuvent plus utiliser de pesticides pour entretenir les espaces verts, forêts et cimetières, depuis le 1er janvier 2017. Ils ont ainsi dû trouver des alternatives, former le personnel municipal, mais également apprendre à communiquer positivement sur le sujet. 

Une avancée concrète et résolue : plus de pesticides dans nos communes. A compter du 1er janvier 2019 cette interdiction s’est également appliquée aux particuliers car les pesticides chimiques de synthèse n’ont plus le droit d’être vendus en libre-service. Un véritable effet boule de neige auprès des citoyens sans alerter en premier lieu les puissants lobbies, du génie ! 

Voilà comment Joël Labbé, fidèle à ses convictions, de manière subtile et intelligente, a fait progresser dans les faits un combat qui lui est chevillé au corps.

Se mettre à nu pour mieux porter des combats collectifs

Mais revenons-en au documentaire, j’ai donc enfourché mon vélo ce dimanche après-midi pour aller découvrir ce documentaire de 52 minutes de Jean-Jacques Rault. Un documentaire profondément touchant, émouvant tant il décrypte à travers le personnage de Joël Labbé la nécessité de savoir se dépasser pour permettre d’agir dans des cadres dont nous n’avons pas forcément ni les codes ni l’aisance. 

On y aperçoit Joël, un peu gauche dans sa démarche traversant le palais Bourbon, sous les ors de la République. Un cadre impressionnant, des politiques aguerris aux plaidoyers politiques. Et la prise de conscience donc que pour faire passer ses idées, pour que ses convictions emportent l’assemblée des sages, il est nécessaire de mieux manier les mots et les discours. C’est bien là le subtil équilibre à trouver : rester soi-même, fidèle à ses convictions mais accepter de travailler sur soi, se mettre à nu pour mieux porter nos combats collectifs. Et c’est cela que Joël accepte de nous montrer à travers ce film.

Des convictions, de l’humilité, une volonté de transmettre

Interrogé par la salle sur les raisons qui l’ont amené à accepter à participer à ce projet, il dit simplement : chaque citoyen devrait pouvoir porter ses convictions au plus haut niveau, nous n’en avons pas toutes et tous les moyens, si même une seule personne ose se lancer, prendre la parole grâce à ce film, ce sera pour moi une bonne raison de l’avoir fait. 

Des convictions, de l’humilité, une volonté de transmettre et une ferme intention d’utiliser l’année qui lui reste en tant que sénateur pour porter son combat au niveau européen. 

Une belle leçon d’humilité et toute la nécessité de se rappeler chaque jour lorsque nous sommes engagés dans le combat politique, pourquoi nous le faisons sans se travestir. Bref rester fidèle à soi-même quitte à parfois déplaire, se faire moquer…

Car, comme Joël rappelle lui-même, les défis auxquels nous faisons face sont énormes, nous avons besoin de relève, de personnes qui savent pourquoi et pour qui ils se battent. C’est la promesse que je m’étais toujours faite, me battre pour mes idées sans me perdre dans les méandres de la politique… » Au risque d’être soi”, donc …

Comme les mots si justes de Jacques Brel, que Joël avait l’habitude de prononcer lors de la célébration des mariages. Des mots puissants, inspirants, et tellement d’actualité sur lesquels Joël Labbé s’exercera dans le film. Des mots que je risque de lui piquer pour mes prochains mariages…

“Je vous souhaite des rêves à n’en plus finir et l’envie furieuse d’en réaliser quelques-uns. Je vous souhaite d’aimer ce qu’il faut aimer et d’oublier ce qu’il faut oublier. Je vous souhaite des passions, je vous souhaite des silences. Je vous souhaite des chants d’oiseaux au réveil et des rires d’enfants. Je vous souhaite de respecter les différences des autres parce que le mérite et la valeur de chacun sont à découvrir. Je vous souhaite de résister à l’enlisement, à l’indifférence et aux vertus négatives de notre époque. Je vous souhaite enfin de ne jamais renoncer à l’aventure, à la vie, à l’amour, car la vie est une magnifique aventure et nul de raisonnable ne doit y renoncer sans livrer une rude bataille. Je vous souhaite surtout d’être vous, fier et heureux car le bonheur est notre destin”

Voeux de Jacques Brel, le 1er janvier 1968

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