Publiée dans Ouest France le 30 octobre 2018
Depuis l’abandon de Notre-Dame-des-Landes, beaucoup d’encre a coulé sur le réaménagement de notre aéroport actuel. En effet, son intégration en milieu urbain n’a jamais vraiment été pensée par les services de l’État, ni par les promoteurs d’une nouvelle plateforme aérienne. Et pourtant, cela fait plus d’un demi siècle que nous vivons à proximité d’un aéroport et que nous subissons les nuisances dues au survol des avions. Il est temps de s’y atteler ! Arrêtons de berner les citoyens en demandant à nouveau son déménagement (qui n’aura jamais lieu) mais traitons les choses maintenant avec responsabilité.
Les écologistes que nous sommes avons toujours défendu son réaménagement et une utilisation plus conforme avec sa présence en milieu urbain. A commencer par un Plan d’Exposition au Bruit réactualisé, afin de permettre d’arrêter d’urbaniser là où la gêne est la plus importante. Nous avons toujours défendu l’interdiction des vols de nuit, cela se fait ailleurs et sans nuire à la sacro-sainte croissance ou développement économique. Cela est possible, l’atelier citoyen a planché sur le sujet depuis de nombreuses années. Il suffit de le décider !
Mais plus grave pour nous est le débat autour de son développement et de son réaménagement. Est-ce sérieux aujourd’hui de parler d’une progression du nombre de passagers de 6 millions, à 9, voire 15 millions? Responsable?
Le réchauffement climatique est là, concret, palpable, les scientifiques nous l’ont rappelé la semaine dernière et ses conséquences sont dramatiques. Il est urgent d’économiser chaque tonne de CO2 pour éviter le pire. Voilà le monde, l’époque que nous vivons.
Il y a aujourd’hui deux fois plus de catastrophes naturelles qu’en 2002 et cela va crescendo avec les hausses de températures. L’actualité de ces derniers jours le démontre tristement avec les inondations dans l’Aude qui ont fait plusieurs victimes. L’abandon du projet de Notre-Dame-des-Landes est de ce point de vue salutaire. Ses terres humides sont de véritables éponges qui non seulement protègent notre territoire mais jouent également un rôle de captation du carbone. Il est donc plus qu’urgent que pour chaque aménagement, chaque activité, nous réfléchissions d’abord à son impact écologique.
Mais revenons à Nantes Atlantique : son fort développement, comme tous les autres aéroports régionaux en Europe, est principalement imputable à l’essor des compagnies low-cost. Est-ce là notre vision du développement du transport et des déplacements ? Est-ce compatible avec la baisse de nos émissions de gaz à effet de serre ? Rappelons que pour 1km effectué en avion nous émettons en moyenne 240g équivalent CO2 pour 1 km, contre 150g en voiture et 11g en train. Souhaitons – nous continuer à faire subir des nuisances quotidiennes aux habitant-e-s de Nantes, Rezé, Bouguenais, Saint-Aignan-de-Grand-Lieu pour que certains passent un week-end à Barcelone ? Pour que des entreprises qui pour la plupart ne payent pas d’impôts en France continuent à exploiter leur personnel ?
Ce n’est pas et ne sera jamais notre conception de l’avenir. Ce modèle de développement est à bout de souffle et continuer à agir dans ce sens n’est pas raisonnable. A nous de privilégier ce qui est fondamental pour notre société et de mobiliser notre capacité d’action pour l’emmener vers une trajectoire compatible avec un climat soutenable. Le débat sur le réaménagement de Nantes Atlantique peut être une 1ère étape pour montrer que nous avons compris que notre plus grand défi était de changer notre modèle de développement et d’y inscrire l’écologie au cœur. Les habitant-e-s, les citoyens nous attendent. Le climat ne résistera ni « aux petits pas », ni au « en même temps ». Alors allons-y !
Julie Laernoes, Présidente du groupe des élu-e-s écologistes et citoyens de Nantes
Didier Quéraud, Président du groupe des élu-e-s écologistes de Rezé
Joël Castex, Président du groupe des élus écologistes de Bouguenais