L’examen de la réforme des retraites débute aujourd’hui à l’Assemblée nationale. Comme dans la rue, avec les forces syndicales et des millions de citoyens, nous, parlementaires écologistes et de la NUPES, nous allons nous battre contre cette réforme injuste, particulièrement sévère et brutale !
Brutale par son injustice, parce qu’elle pèse sur celles et ceux qui travaillent déjà le plus pour des salaires de misères, sur celles et ceux qui ont commencé plus tôt, plus dur à travailler et qui devront travailler plus que les autres…sur celles et ceux qui subissent déjà les carrières les plus fragmentées, notamment les femmes…
Brutale aussi par son absurdité, quand on voit le deux poids/deux mesures du gouvernement. Au cours du précédent quinquennat, les baisses d’impôts au profit des plus riches et des grandes entreprises nous ont coûté 50 milliards d’euros par an. Et aujourd’hui le gouvernement veut faire 10 milliards d’économies pour les retraites sur le dos des travailleurs de première ligne, sur celles et ceux qui tiennent à bout de bras nos hôpitaux, nos écoles, nos supermarchés ?! C’est inacceptable.
Alors que tous les syndicats sont unis, que plus de 2 millions de français descendent dans la rue, que 7 français sur 10 se disent opposés à cette réforme, le gouvernement persiste et signe, en maltraitant le débat parlementaire et en propageant une valse de mensonges. Car oui, le gouvernement ment ouvertement dans le seul but de réduire à peau de chagrin notre modèle social. Il dit : « il faut sauver l’équilibre du système des retraites, le niveau de dépenses est trop important ». Faux, il n’est pas en danger ! C’est le Conseil d’orientation des retraites (COR) qui le dit lui-même.
L’enfumage est partout dans le discours du gouvernement. Le mensonge que je préfère : « cette réforme va protéger les femmes ». De qui se moque-t-on ? Le report de l’âge légal à la retraite va pénaliser toutes les femmes, et notamment les plus précaires, en raison de leurs salaires plus faibles et de leurs carrières hachées. Pour rappel, 80% des temps partiels sont occupés par des femmes. Le taux de pauvreté des femmes retraitées est plus élevé que celui des hommes, et cet écart se creuse depuis 2012. Cette réforme ne prévoit en rien d’améliorer leur situation. C’est même l’inverse.
Le gouvernement nous vend aussi « un projet de justice qui protège de l’usure professionnelle » ? N’est-ce pas sa majorité qui a supprimé en 2017 des critères de pénibilité ? A présent on s’attaque même au vocabulaire : finie la pénibilité, bonjour l’usure ! Et puis, qu’en est-il de la pénibilité des métiers majoritairement occupés par des femmes – aides-soignantes, assistantes maternelles, infirmières, femmes de ménage, caissières -, quand la plupart des critères de pénibilité sont aujourd’hui pensés pour des métiers majoritairement masculins ?
La réalité est que cette réforme est un choix politique productiviste et néolibéral. Le choix de s’enfoncer dans une poursuite mortifère de la croissance du PIB, qui est en train de détruire nos conditions d’existence. Toujours plus de productivisme, de consumérisme, avec la perspective d’une exploitation infinie de la nature, comme des humains, jusqu’au seuil de la tombe. Toujours plus de travail avec « toujours moins » de temps pour vivre, tout simplement. C’est bien dans ce sens que toutes les organisations environnementales se sont jointes directement à notre combat. Climat et retraites : même combat !
Les dernières réformes visaient déjà à réduire le temps de vie à la retraite. Et cette réforme le rogne encore davantage, alors que l’espérance de vie stagne voire diminue en France. Contrairement à ce que dit le gouvernement, non seulement nous ne vivons pas plus longtemps, mais nous vivons également en moins bonne santé ! Le débat sur les retraites mené se tient sans prendre en compte cette réalité : les impacts environnementaux sur notre santé sont réels et structurels. Pour rappel, cet été la canicule a emporté près de 11.000 vies.
Ce dont notre société a besoin, c’est une vraie réflexion sur le travail. Des centaines d’études démontrent que diminuer le temps de travail serait beaucoup plus bénéfique à la réduction des émissions que n’importe quelle autre mesure. Faire travailler tout le monde plus longtemps va mécaniquement accroître la pression sur nos ressources naturelles.
Parce que nous sommes aujourd’hui, avec cette réforme, face à une brutalité sans commune mesure, nous la combattrons, pour tout ce qu’elle est : extrêmement injuste, extrêmement dangereuse pour notre pacte social, et parfaitement ignorante de nos vies, de nos réalités.
Cette réforme, nous la ferons tomber. Nous réussirons ensemble, dans la rue, dans l’hémicycle. Au-delà de ce combat essentiel, cette mobilisation historique doit aussi nous permettre de construire un nouveau mouvement social, encore plus large, pour dessiner une autre société, du partage, avec un vrai débat concret sur la place du travail. C’est le sens de l’histoire !