Ce vendredi 22 décembre, s’achève la consultation publique autour de la Stratégie Française Énergie-Climat (SFEC), après un délai de consultation extrêmement resserré et une publicité marginale.
Ce document, qui tente de définir la politique énergétique de notre pays pour les dix prochaines années,a été présenté il y a un mois seulement par la ministre de la Transition énergétique. Il vient clôturer de longs mois de désordre, un semblant de concertations et une valse-hésitation du Gouvernement, alors même qu’une loi de programmation énergie-climat aurait dû être adoptée avant le mois de juillet 2023.
Que de temps perdu pour aboutir à un document si faible au regard de l’urgence climatique ! Certes, certains objectifs peuvent être salués, comme la sortie complète des fossiles en 2050 et l’augmentation notable de la production issue de certaines sources d’énergie renouvelable telles que le solaire ou la chaleur renouvelable. Cependant, nombre de mesures restent encore insuffisantes, notamment sur la baisse de la consommation énergétique. Les errements subsistent voire s’accentuent sur le nucléaire, pour lequel le Gouvernement fait tapis. Des incertitudes demeurent aussi, en particulier sur les moyens et la méthodologie que le Gouvernement entend adopter pour mettre en oeuvre ses propositions, entre autres sur la rénovation énergétique ou la planification des énergies renouvelables. La Commission européenne a ainsi jugé que Paris se trouvait “significativement en dessous” de l’objectif européen en matière de renouvelables, avec seulement 33% d’énergies renouvelables dans la consommation finale à l’horizon 2030 alors qu’un objectif cohérent avec la législation européenne imposerait 44%.
Par conséquent, avec la Commission Énergie-Climat d’Europe Écologie-Les Verts, nous avons rédigé et transmis une contribution à la consultation publique, dans laquelle nous alertons sur plusieurs points-clés et les trop nombreux points aveugles cette stratégie du Gouvernement :
- Le prisme techno-solutionniste du Gouvernement, adepte du productivisme, et incapable de penser la sobriété, pourtant essentielle à l’atténuation du changement climatique. L’absence de mesures structurelles pour réduire nos consommations témoigne de la faiblesse climatique d’une SFEC aveuglée par l’atome.
- La focalisation à outrance sur la production d’énergie, en particulier d’électricité, qui marginalise les politiques d’efficacité et de maîtrise de la demande, pourtant indispensables. Surtout, la SFEC accorde un poids démesuré à la filière nucléaire en dépit de sa place marginale dans le mix énergétique, de ses multiples failles techniques traduites par des déboires industriels et financiers récurrents, et de l’absence de garanties de sûreté suffisantes.
- Le manque de réflexion sur la justice sociale en matière d’énergie, qui conduit à proposer des dispositifs inéquitables quant au prix de l’énergie ou à invisibiliser la question de l’équité dans ses usages, par exemple concernant les voyages en avion. Il se traduit également par une absence d’anticipation sur la priorisation des modalités d’utilisation de la biomasse, de l’hydrogène ou de la capture et du stockage de carbone
Nous appellons vivement le Gouvernement à revoir sa copie en prévision de l’examen des futurs textes qu’il aura à proposer à la représentation nationale.
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