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Visites des urgences psychiatriques de Nantes

J’étais aux côtés de mes collègues députées Sandrine Rousseau et Nicole Dubré-Chirat ce jeudi 14 mars pour une visite des services de psychiatrie du CHU de Nantes et de l’hôpital Saint-Jacques, dans le cadre de la mission d’information sur les services d’urgences psychiatriques.

Déjà sensibilisée à la question, ces deux visites ont permis de confirmer l’urgence de la situation pour les services psychiatriques de Loire-Atlantique mais aussi plus généralement en France.

Les urgences psychiatriques sont en crise

De plus en plus de patients mais de moins en moins de lits !

La crise du COVID a provoqué une augmentation de l’activité des services psychiatriques et psychologiques partout en France. Les équipes espéraient une accalmie avec la fin de la crise sanitaire, mais ce n’est pas du tout ce qu’il s’est passé : on observe un accroissement continue de l’activité. Cela se traduit par une augmentation du nombre de patients accueillis chaque année aux urgences psychiatriques, notamment des patients mineurs qui ne trouvent plus de solutions en aval. 

La crise sanitaire n’est pas la seule cause imputable à cette augmentation. Depuis 2022, 242 lits de psychiatrie adulte ont été fermés dans notre seule région des Pays de la Loire ! Ces fermetures de lits ont des conséquences graves et directes sur le CHU de Nantes, de plus en plus sollicité comme soutien régional pour les hospitalisations de patients. En 2023, 500 patients d’autres établissements ont été hospitalisés à Nantes par manque de lits dans les autres établissements de la région.

Dans les services de pédopsychiatrie le situation est encore plus inquiétante. Les moyens ne sont pas du tout suffisant pour accompagner correctement les enfants et les adolescents. Sans lits disponibles dans les unités de pédopsychiatrie, des mineurs ont ainsi été dirigés vers des unités pour adultes. C’est tout à fait inacceptable et dangereux pour elles et eux.

Les Françaises et les Français ont besoin d’un service de santé mentale solide mais les gouvernements successifs d’Emmanuel Macron ont préféré supprimer des lits !

Le personnel à bout de souffle

L’attractivité du département de Loire-Atlantique n’est plus à démontrer et pourtant, elle ne suffit pas à permettre un recrutement de professionnels suffisant dans les services de psychiatrie et de pédopsychiatrie. Au 1er janvier 2024 il manquait 36 ETP (Équivalent Temps-Plein) dans les services de psychiatrie du CHU de Nantes !

Ce manque de personnel, associé à la hausse d’activités des urgences, crée un cercle vicieux difficile à briser. D’une part, le personnel médical encore présent dans ces services est complètement surmené. Tous les services et les dispositifs sont portés à bout de bras par les équipes en place. Certains dispositifs ont fait leurs preuves et méritent d’être soutenus, mais pendant ce temps, le personnel des services d’urgences exprime un mal-être croissant du fait du manque de solutions et de soins de qualité disponibles pour les patients. Si des projets de création d’unités supplémentaires sont envisagées, le problème de recrutement et de conditions de travail du personnel déjà en place doit être pris à bras le corps pour assurer un service de qualité et protéger les équipes.

Quant aux étudiants, internes ou externes, notamment issus de la faculté de médecine de Nantes, jouxtant le CHU, la plupart se tourne vers d’autres spécialités moins affaiblies. Là aussi des propositions doivent être faites à court terme pour provoquer des vocations, en parallèle d’un travail de fond sur la consolidation des soins dans leur globalité.

Des besoins urgents !

Les témoignages des différentes équipes permettent de mieux mesurer l’ampleur de la crise et ses conséquences concrètes sur leur conditions de travail et la qualité des soins dispensés. Ce que nous partage les professionnels de la psychiatrie, ce sont des conditions de travail très difficiles et un manque cruel de moyens qui ne permet pas d’accompagner les patients de manière satisfaisante : pas de temps pour l’humain, tri inévitable des patients qui aboutit à des renvois à domicile de patients qui devraient bénéficier d’une hospitalisation, turn-over des équipes…

Des mesures à court terme doivent être mises en place rapidement pour protéger le personnel de services d’urgences psychiatriques et assurer des soins de qualité mais aussi des mesures à long terme pour enrayer cette crise durablement et faciliter l’accès aux soins. Les soignant•es demandent par exemple le retour d’une formation adaptée aux enjeux de la psychiatrie. Une prime de risque pour les personnels des services psychiatriques pourrait aussi être envisagée.

Bien que cette crise ne date pas d’hier, force est de constater qu’Emmanuel Macron et ses différents gouvernements ne semblent pas mesurer la gravité de la situation car j’observe une absence criante de volonté et d’action de ce gouvernement sur ces sujets. La mission d’information de Sandrine Rousseau et Nicole Dubré-Chirat est une bonne nouvelle au vu de ce contexte plus qu’inquiétant. Les Françaises et les Français ont besoin d’une politique de santé mentale ambitieuse ! L’urgence absolue est de redonner de l’espoir aux soignantes et soignants, et d’allumer une lumière au bout du tunnel pour les professionnels du secteur qui appellent à l’aide.

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